• La philosophie du soutien par des pairs est que chaque individu a en lui-même la connaissance de ce qui est le mieux pour lui et un fort désir de trouver une voie vers une meilleure santé.
• Les pair-mentors aident leurs vis à vis à trouver cette connaissance et cet espoir en eux-mêmes.
• Le soutien des pairs repose sur l’égalité mutuelle dans les relations. Personne n’est plus important. Les déséquilibres de puissance sont minimisés. Chaque personne peut bénéficier de la relation.
• L’autodétermination et le centrage sur la personne sont très appréciés. Les personnes ayant une expérience vécue sont considérées comme expertes dans leur propre vie. Elles ont la capacité de prendre les décisions qui les concernent.
• Le soutien par des pairs est axé sur la santé et les forces plutôt que sur la maladie et le diagnostic.
• Les familles de personnes ayant une expérience vécue peuvent bénéficier d’un soutien par des pairs lorsqu’elles déterminent leur relation et leur vie avec leur proche. Leur propre récupération peut impliquer une grande acceptation, la confidence et la confiance envers leur proche et eux-mêmes.
• Dans tous les types de relations de soutien par des pairs, la compréhension empathique et l’apprentissage par l’expérience sont partagés d’une manière non critique et favorable.

La voie du rétablissement pour une personne ayant un problème de santé mentale ou de toxicomanie peut comprendre diverses options telles que des traitements biomédicaux, une thérapie par la parole et / ou un soutien social, mais l’accès à ces services thérapeutiques et de soutien peut parfois s’avérer difficile. Ce défi peut nécessiter un niveau d’initiative, de détermination et / ou de compréhension d’un système complexe, que certains peuvent trouver difficile.

Le soutien par des pairs est une option supplémentaire qui complète d’autres formes de traitement. Cela peut être un facteur de consolidation dans la mesure où tous les aspects du parcours d’une personne sont pris en compte.

Le soutien par les pairs peut se traduire par un effort renouvelé pour atteindre le bon dosage de traitement (pour soi-même ou leur proche), en naviguant dans le paysage des services sociaux et en prenant confiance en eux pour défendre leurs intérêts (ou ceux des membres de leur famille). Le soutien par les pairs peut aider les individus à progresser vers la stabilité et à mieux se sentir bien.

Un pair-mentor qui a suivi un chemin de récupération peut créer un lien et offrir de l’empathie et de la validation, ce qui offre l’espoir à un pair, un facteur clé du rétablissement.

En tant que partenaires, parents ou partisans proches, les soutiens familiaux des pairs effectuent un voyage différemment. Ils présentent un modèle d’espoir grâce à un sens aigu de l’acceptation et à une préparation émotionnelle pour progresser.

Le soutien par des pairs peut également aborder l’isolement social. L’isolement peut entraver la récupération et augmenter les risques de rechute. Pour les membres de la famille, il peut y avoir une tendance à «garder le secret» au sein de la famille. Ce n’est ni utile ni sain.

Le soutien par des pairs peut aider à éliminer la stigmatisation de la maladie mentale. La stigmatisation est citée comme l’une des principales raisons pour lesquelles les gens ne recherchent pas de traitement pour la maladie mentale, la toxicomanie ou n’encouragent pas leurs proches à le faire. La stigmatisation peut être dissipée lorsqu’une personne bien portante dit à un autre qui lutte, « J’en suis aussi affecté » ou « Quelqu’un que j’aime est aussi affecté ». Les pairs mentors ayant une expérience, des compétences, des aptitudes et une éthique valables apportent une contribution précieuse aux communautés dans lesquelles nous travaillons et vivons.

©2014 Manuel national de certification de l’ACSPC – Version 2.

Le plus ancien groupe de soutien par des pairs en santé mentale était la Lunatic Friends’ Society, établie en Angleterre vers 1845. Certains groupes dirigés par des pairs se sont également formés en Allemagne à la fin du XIXe siècle, et ont protesté contre les lois relatives à l’emprisonnement involontaire. De plus, un certain nombre d’individus aux dix-huitième et dix-neuvième siècles ont fait connaître leurs protestations concernant leur traitement dans des autobiographies et des pétitions.

Le réseau de soutien par des pairs le plus développé a été créé en 1937. Les Alcooliques anonymes se sont répandus dans tous les pays et leur méthode en douze étapes a été adaptée à d’autres problèmes de toxicomanie et de santé mentale. Également en 1937, un psychiatre américain appelé Abraham Low établit Recovery Inc (maintenant Recovery International) qui utilise des techniques comportementales cognitives dans un contexte de groupe de pairs. Il soutient actuellement 600 groupes en Amérique du Nord. GROW, un programme en 12 étapes lancé en 1957 par un prêtre en Australie, s’est également étendu à de nombreux pays. Ces formes de soutien par des pairs sont toutes apolitiques.

Un nouveau type de soutien par des pairs et de plaidoyer en santé mentale a émergé du mouvement international des consommateurs / survivants qui a débuté au début des années 70, à peu près au même moment que le mouvement des droits civiques, des droits des homosexuels, les mouvement des femmes et les mouvements autochtones. Tous ces mouvements ont en commun l’expérience de l’oppression et la quête de l’autodétermination. La nouvelle marque de soutien par des pairs a été initiée par des pairs eux-mêmes et reposait sur une perspective critique de la psychiatrie et de la société, plutôt que sur la simple nécessité de « réformer ».

Le mouvement des consommateurs / survivants existe principalement dans les pays démocratiques. Au cours des 40 dernières années, il est passé d’un petit mouvement radical non financé à un ensemble de personnes plus vaste, plus diversifié et plus diffus. Le mouvement a fonctionné à l’origine indépendamment du système de santé mentale sur deux fronts principaux: le soutien par des pairs et l’action politique. Dans le support par des pairs, les personnes visent à se changer eux-mêmes et à se remettre de leurs expériences. Dans l’action politique, les personnes visent à changer les personnes et les systèmes qui affectent leur bien-être. Le premier service canadien de soutien par des pairs, la Mental Patients Association, a été créé en 1971 à Vancouver. Depuis lors, l’Ontario a mis au point des services de soutien par des pairs financés et plus indépendants que ceux des autres provinces.

Au cours de la dernière décennie ou deux, de nombreux consommateurs / survivants ont également saisi de nouvelles possibilités de travailler au sein du système de services de santé mentale et de toxicomanie. On pourrait faire valoir que nous sommes dans une troisième vague de développement du soutien par des pairs – l’utilisation du soutien par les pairs dans les services de santé mentale traditionnels, où des pairs sont embauchés ou employés pour fournir un soutien personnalisé aux utilisateurs. Ce développement offre de nouvelles opportunités pour la croissance et le financement du soutien par des pairs. Le soutien par des pairs peut sembler différent dans des environnements différents, mais ces développements peuvent également permettre au soutien par des pairs d’être mieux accepté dans le système de santé mentale dans son ensemble.

© 2015 Coalition pour les droits en matière de santé mentale